Départ Samedi 22 juillet à 14h30 pour la Fastnet Race.
On sait dès le départ que la course va être encore plus dure qu’il y a 2 ans !
Il y 2 ans, on avait eu les 12 premières heures compliquées avec beaucoup de vent et une mer cassante. Mais cette année, c’est les 50 ans de cette course mythique et le vent à décidé de s’inviter : 3 fronts doivent passer avec à chaque fais au moins 30 nœuds.
Nous sommes 100 bateaux en double, 85 dans notre catégorie IRC 3 (équipage et doubles) et 364 bateaux en IRC
On part sur l’eau, avec 1 ris dans la GV (Grand Voile), 1 ris dans le Solent (Petit génois). Mais devrions nous prendre 2 ris dans la GV ?
Top départ, nous sommes sur la ligne, c’est parti pour une sortie du Solent (bras de mer qui sépare l’île de Wight de l’Angleterre) à gérer avec des croisements de partout, nous sommes 85 bateaux sur notre départ_
Une fois passé Hurst Point, goulet d’étranglement en sortie de Solent, la mer commence à se durcir (vent contre-courant, c’est bon ! ). On décide tout de même de sortir par les Needles pour pouvoir profiter au mieux du courant et tout de suite se positionner là où nous voulons être. Nous allons passer la fin d’après-midi et la nuit dans 30 noeuds de vent avec des rafales à 40 nœuds et 2 à 3 m de creux, à longer la côte anglaise. On fera une erreur de stratégie (erreur de communication à bord) sur une des pointes. On perdra plusieurs milles sur la tête de la flotte.
Dimanche en milieu de nuit : Aux iles Scilly, dimanche en fin de nuit, nous sommes mal positionnés, les premiers sont déjà quelques miles devant. Il reste 4 jours. A nous de bosser.
On décide de sortir par le DST du Nord pour aller chercher plus de vent et une rotation. Le long de la remontée, on passe sur A3, le temps de 15 minutes,… Super transition, on vient de récupérer la moitié du chemin perdu sur le paquet de devant. Le vent rentre doucement et nous glissons vite avec le courant sur le tombant de Cape Cornwall.
Lundi matin : On sait qu’en rentrant dans la mer d’Irlande, on va au-devant d’un nouveau front. On anticipe et on repasse sous Solent. Logiquement, il ne doit y avoir que 28 nœuds et que pour 3 heures. On va se prendre plus de 35 nœuds pendant 6 heures dans une mer dure et au près. Pas plaisant du tout. David va faire le taf : casque sur la tête, il va barrer pendant 6h, sans rien lâcher en prenant des paquets de mer régulièrement qui traverse le bateau. Le Nerf de chute de Grand Voile ne va pas tenir. Dur, car sans lui, on peut déchirer la voile. On tente de tendre un peu la chute avec les prises de ris et on croise les doigt car après ce 2ème front, on ne doit plus avoir de près avec vent fort. La voile peut tenir !
Lundi vers 15h, Le vent se calme enfin, on peut à nouveau ranger le bateau et surtout éponger car on a pris des sacrés paquets de mer. Analyse météo, nous avons deux bascules de prévues, une de 30° à gauche et une de presque 60° à droite. Nous décidons de jouer d’emblée la plus grosse. Nous savons que les autres vont jouer la gauche puis la droite. Objectif, tirer la barre et faire de la vitesse à droite pour créer un maximum de levier entre nous et les autres (presque 20 miles). Tous les autres sont partis à gauche.
Mardi au petit matin, il fait encore nuit (après une 1ère nuit sympa et reposante): Bingo, nous nous retrouvons avec tout le monde et du bon côté, reste à gérer que nous arrivons dans un gros trou d’air. On savait dès le départ qu’il pourrait y avoir un nouveau départ. Il fallait juste être là avec tout le monde. 4h sans vent, David s’arrache les cheveux et croit voir tout le monde passer à gauche à droite, alors que moi, je me fait une super sieste. Et lors du passage du Fastnet, on reçoit de la 4G, on regarde les classements, les bateaux, nous sommes celui qui s’en est le mieux sorti. On passe 2ème des IRC 3.
Puis c’est la descente de la Mer d’Irlande,. Enfin une journée, une nuit sympa en terme de vent, de mer. On pourra même faire sécher quelques vêtements.
Mercredi matin : Passage des iles Scilly, direction Cherbourg. Nous voilà parti en chasse du 1er CORA (SunFast 3200 avec 2 jeunes très bons à bord), le vent va forcir toute la journée en venant de l’Ouest. On peut donc espérer les reprendre. On est sous Grand Spi S2, on sait l’on ne va pas pouvoir le tenir tout le long. Le vent monte, les surfs s’allongent, quelques départs au tas mais CORA devient de plus en plus visible… On continue. Fin d’après-midi, c’est fait, mais les P’tits Dopudou qui eux nous avaient pris en chasse nous récupèrent.
Nouveau départ, les 3 bateaux alignés, tous sous spi. A celui qui lâchera le dernier car personne n’affalera maintenant même si le vent monte. CORA lâchera le 1er, puis notre A3 arrisé va claquer un coup de trop et s’ouvrir. Les P’tit Doudou peuvent se sauver. Ils ont gagné !
Mercredi soir: Le front est sur nous, plus de 30, 35 nœuds de vent. Nous sommes sous GV haute, grand génois, le bateau file direct vers Cherbourg avec régulièrement des surfs à plus de 15 nœuds. On craint les 2 sangliers sur TRACASS car là c’est ce qu’ils préfèrent. Je propose de tenter le tout pour le tout est d’envoyer notre Code 0. Pour la 1ère fois en 4 ans, c’est David qui va me raisonner pour éviter de mettre trop de toile !
Jeudi matin : On se présente à l’entrée de Cherbourg. TRACASS n’est pas passé, mais s’est rapproché. Au passage du Raz Blanchard, on découvre que nous sommes aussi 3ème en IRC Double !
Mais le courant s’est inversé et le passage de la ligne d’arrivée est long…. Long…. JUZZY (dire qu’en plus il porte le nom d’une application de présentation des courants, un comble) qui a fait une super course va nous passer en temps compensé.
On finira :
- 3ème en IRC sur 85 bateaux, (P’Tit Doudou, Tracass, Adeosys) – 38 abandons !
- 4ème en IRC Double sur 100, (P’tit Doudou, Tracass, Juzzi, Adeosys)- 55 abandons !
- 19ème sur 365 bateaux toutes classes confondues – 167 abandons !
Un grand BRAVO, à CORA, skippé par 2 jeunes qui ont fait la course en tête pendant plus de 4 jours. On a eu mal au cœur pour eux. On avait vécu la même chose, il y a 4 ans. C’est dur ! Sûr qu’ils seront à surveiller sur les prochaines régates.